Lecture du livre de la Sagesse (7, 7-11)
Psaume 89 (90)
Lecture de la lettre aux Hébreux (4, 12-13)
Évangile de Jésus Christ selon saint Marc (10, 17-30)

 S'il est dans la Bible un passage qui dit Dieu, le chapitre 7 de la Sagesse est à mes yeux l'un des plus beaux pour nous révéler quelque chose de l'Amour infini et du Souffle créateur. La première lecture de ce dimanche nous en révèle partiellement le contenu mais la suite du chapitre, et plus particulièrement les versets 22 à 30, me parlent du Créateur.

 Mais venons-en à la lecture de ce dimanche.

J’AI PRIÉ, et l’intelligence m’a été donnée.
J’ai supplié, et l’esprit de la Sagesse est venu en moi.
 Voilà la disposition à avoir pour entrer en relation avec la Sagesse : "prier". Ce qui n'est autre que de LUI parler. Non pas seulement "penser" le Seigneur, mais me mettre dans la disposition de le rencontrer, c'est-à-dire, de me déranger pour aller vers LUI, pour le rencontrer LUI et LUI seul. Abandonner mon travail, mes soucis, mes parents, mes amis, et LUI consacrer un peu de mon temps. C'est dans cette rencontre là, que "l'intelligence" m'est donnée. C'est dans cet espace là, que son amour me travaille. C'est en lui livrant ma vie, qu'il façonne mon existence. L'Amour a toujours ses exigences; Il ne se livre jamais sans efforts car se donner est un risque mais aussi toute une aventure et il me faut bien "l'intelligence" pour faire la route et traverser les passages difficiles sans craindre de tout perdre mais plutôt de trouver dans cette relation le chemin du bonheur.

 La Sagesse est venue en moi.
Car l'aventure est intérieure : au-dedans de moi ! Elle aussi se déplace et vient faire en moi sa demeure.

 Et voici comment Elle m'apparait :
Je l’ai préférée aux trônes et aux sceptres ; à côté d’elle, j’ai tenu pour rien la richesse ; je ne l’ai pas mise en comparaison avec les pierres précieuses ; tout l’or du monde auprès d’elle n’est qu’un peu de sable, et, en face d’elle, l’argent sera regardé comme de la boue.
Préférable à la gloire des puissants de ce monde et supérieure à toutes autres richesses.

Je l’ai aimée !
On apprécie "les choses" ou on les préfère. Mais quand on aime, c'est qu'il s'agit de "QUELQU'UN" ! On utilise souvent les mots à tort. Mais l'amour c'est toujours du relationnel et un objet n'est pas vécu en terme de relation mais de possession.

 Je l’ai choisie !
Il y a là, de ma part, une décision, une détermination que je suis seule à prendre, que je suis seule à vivre.

 de préférence à la lumière, parce que sa clarté ne s’éteint pas.
Sans lumière, pas de vie. Mais comment décrire LA Lumière supérieure à la lumière que mes yeux connaissent. On sent dans ces versets tout le poids de la grandeur de celui que je ne connais pas mais qui me sonde et me soutient.

 Tous les biens me sont venus avec elle, et par ses mains une richesse incalculable.
Cette fois, c'est dit. La Sagesse se révèle comme Créatrice de toute chose et de moi-même. Comme l'aimé ou l'aimée. Comme cette alliance qui embrasse l'univers pour le placer en Elle. Comme cette "OMBRE" qui recouvre Marie au jour de l'Annonciation. Vivante, bienfaisante, féconde, en débordement elle engendre la vie.

 L'auteur de la lettre aux hébreux identifie cette Sagesse à la Parole Vivante : énergique et plus coupante qu’une épée à deux tranchants ; elle pénètre au plus profond de l’âme, jusqu’aux jointures et jusqu’aux moelles ; elle juge des intentions et des pensées du cœur.

 Pas une créature n’échappe à ses yeux, tout est nu devant elle, domine par son regard ; nous aurons à lui rendre des comptes.

 Et moi, je la contemple ! Je la loue, je l'adore sans comprendre vraiment cette grandeur qui me dépasse mais qui, je le sais, m'aime.

Mais voir la Sagesse en action ! Les 4 Évangiles nous la décrivent toute simple. Si simple d'ailleurs qu'on en est étonné. En Jésus point de grandeur écrasante, point de violence, point de ciel qui tremble en coup de tonnerre et d'éclairs, point de jugement. Juste le souffle d'une brise légère, quand le jeune homme riche s'adresse à lui. Dans un premier temps Jésus le renvoie à lui-même et sa judaïté. Mais le jeune homme a perçu dans la personne du "Maître" un quelque chose de plus, qu'il cherche désespérément en dehors des 613 prescriptions de la loi juive pour avoir la vie éternelle.

 Merveilleuse rencontre ! 

Jésus, semblable à la Sagesse se déplace et son regard vient se poser sur le jeune homme. Il se met à l'aimer ! Ne sentez-vous pas là toute la différence ! Ce jeune homme n'est plus regardé comme un esclave mais comme un ami. Et la Sagesse personnifiée, pénètre en lui comme une épée à deux tranchants qui lui sonde le cœur. C'est qu'il y a là une telle puissance d'amour, une telle abondance du cœur, une telle force de vie !

 «Une seule chose te manque : va, vends tout ce que tu as, donne le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi.»
Il est parfois plus facile de suivre une loi qui édicte des règles auxquelles on se conforme. J'y ai satisfait... donc je suis sauvé(e) ! Avec la Parole de Jésus, rien de telle, il s'agit de "quitter" pour le suivre. Mais de tout quitter. De partir tout nu c'est-à-dire en abandonnant le vieil homme pour revêtir l'homme nouveau. C'est tout le sens du Baptême !  C'est le don de soi ! Et là, il s'agit de confiance, d'abandon, d'amour.

 Joseph Veuster mieux connu sous le nom de "Père Damien" l'apôtre des lépreux, l'avait bien compris. Ce jeune homme a tout quitté et est allé jusqu'à devenir lépreux parmi les lépreux de Molokaï. Sa sainteté, que le peuple des baptisés avait reconnue depuis longtemps vient d'être proclamée aujourd'hui par l'Église tout entière. Lui comme tant d'autres ont comprit et vécu intensément cette parole de l'Évangile : "va, vends tout ce que tu as, donne le aux pauvres et tu auras un trésor au ciel ; puis viens et suis-moi.» 

 Merci Seigneur pour leur vie si féconde !